Une société civile forte face à l’autoritarisme
Depuis la fin de l’année dernière, l’Argentine est dirigée pour la première fois par un « anarcho-capitaliste » convaincu. Par ses opinions et son style, Javier Milei est proche de Trump ou de Bolsonaro : ses attaques conservatrices contre les acquis sociaux se mêlent à sa volonté de raser l’État social.
Cette politique produit déjà des effets : depuis l’entrée en fonction de Milei, la part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté est passée de 40 à 60 %.
Dès avant l’arrivée de Milei à la présidence, la situation économique en Argentine n’était pas reluisante : le service de la dette internationale et une inflation record avaient conduit à un désastre économique et social. C’est grâce à ce climat et à ses propos polémiques contre la « caste dirigeante » que Milei a pu remporter la majorité aux élections. La colère justifiée contre la politique clientéliste des gouvernements précédents a incité beaucoup de gens à voter pour lui.
Sa base politique est cependant loin d’être stable : son parti, La Libertad Avanza, est minoritaire au Parlement et, contrairement à ses deux coreligionnaires politiques, Milei ne dispose pas d’appuis au sein de la société, à l’image des chrétiens évangéliques des États-Unis et du Brésil.
En Argentine, la société civile est en revanche forte. À l’œuvre dans tout le pays, les mouvements sociaux forment un réseau solide, tandis que les grands syndicats sont rompus au combat. Quarante-cinq jours après l’entrée en fonction de Milei, ils ont appelé à la première grève générale et à des protestations. Les mouvements sociaux et la société civile s’étant joints à eux, la résistance a réuni une participation record. Et a porté ses fruits : les chambres du Parlement ont rejeté le premier paquet de lois proposé par Milei. Celui-ci et ses alliés vont désormais chercher d’autres moyens pour imposer leur politique. Cette première défaite sera suivie d’attaques contre les syndicats et les mouvements sociaux. La faim et la pauvreté vont continuer à s’aggraver. En Argentine, la population est malgré tout prête à se battre. À nous de la soutenir !