Contre l'exploitation
Ne voulant plus se laisser exploiter de la sorte, quelques travailleuses ont décidé, il y a quatre ans, d’adhérer ensemble au syndicat du personnel de nettoyage. Les rangs du syndicat se sont étoffés et il a obtenu une convention collective de travail. Une nouvelle entreprise sous-traitante a toutefois contesté la convention et menacé de licencier les syndicalistes. Lorsque ces dernières ont protesté contre ce genre d’intimidation, certaines ont été arrêtées. Elles ont certes été libérées quelques jours plus tard grâce à la pression populaire, mais la crainte de représailles s’est accrue. « Si le syndicat ne s’est pas dissous à ce moment-là, c’est parce que nous formions un groupe suffisamment fort, explique la secrétaire du syndicat. Notre mouvement est fondé sur les règles fondamentales de la démocratie. C’est ce qui nous a unies. »
En réaction aux manœuvres d’intimidation de l’entreprise de location de services, les syndicalistes ont décidé d’attirer l’attention du public malaisien sur les abus dont elles sont victimes. Beaucoup de Malaisiennes et de Malaisiens ne savent en effet rien des effets de la privatisation sur les conditions de travail. Enfourchant leurs motos (principal moyen de transport de la classe ouvrière), les syndicalistes ont franchi 500 kilomètres pour se rendre à la capitale administrative du pays, rencontrer le ministre de la Santé et lui remettre une liste de revendications. Elles exigent entre autres que les autorités mettent fin au système de sous-traitance et versent des indemnités COVID-19. « Les réseaux sociaux ont joué un rôle crucial dans cette campagne. Comme le ministre de la Santé s’en sert très souvent, nous avons pu faire pression sur lui », racontent des syndicalistes. Cette stratégie a payé : le ministre a reçu la délégation des travailleuses en février. Lors de la conférence de presse qui a suivi, il a souligné que le personnel de nettoyage des hôpitaux est un pilier essentiel du système de santé et annoncé qu’il allait rechercher le dialogue avec les entreprises sous-traitantes.