Au Kurdistan du Nord, les habitants luttent pour leur autodétermination
Dans un entretien avec des journalistes du quotidien Le Courrier, Ozturk Turkdogan, président de l’Association turque des droits de l’homme (IHD), a décrit la situation actuelle au Kurdistan comme suit : « Dans un passé proche, le processus de paix a soulevé un grand espoir, mais l’Etat turc n’a pas tenu ses promesses. Aujourd’hui, le gouvernement a entrepris une guerre contre le peuple kurde avec la complicité silencieuse de l’Europe. » Selon lui, l’armée turque aurait tué 353 civils et en aurait blessé 246 autres au cours du premier trimestre de cette année. Plus d’un demi-million de personnes ont dû fuir de chez elles. Les militaires ont mis le feu à des milliers d’hectares de forêts et de paysages ruraux, bombardé et démoli des quartiers entiers de villes kurdes. Le centre historique de Diyarbakir, Sur, a par exemple été complètement détruit. Le gouvernement national entend s’approprier cette zone, la reconstruire et revendre le tout à de riches investisseurs. Ozturk Turkdogan n’hésite pas à conclure : « A terme, l’Etat turc veut vider le Kurdistan de sa population. »
Durant l’été 2015, les habitants des grandes villes et des communes du Kurdistan du Nord (Bakur en kurde) ont réagi à ces attaques et déclaré leur autonomie administrative. Depuis 2007, le Congrès pour une société démocratique (DTK) forme en effet une structure politique qui englobe mouvements sociaux, associations, comités, syndicats et administrations communales. Dans les communes qui s’administrent elles-mêmes, les gens collaborent afin d’instaurer une démocratie directe, de s’affranchir du système patriarcal, d’établir l’égalité de sexes, de pratiquer une économie solidaire et d’induire un changement en faveur de l’environnement.
Le Mouvement écologiste de Mésopotamie (MEH) et l’Initiative citoyenne pour le sauvetage de Hasankeyf (HYG) oeuvrent pour préserver les moyens de subsistance. Car « la lutte pour la nature fait partie de la lutte pour une société démocratique, libérée et émancipatrice », affirme le mouvement écologiste. Le SOLIFONDS soutient cette lutte pour la préservation des moyens d’existence, afin que l’Etat turc ne puisse réaliser son intention de dépeupler le Kurdistan.